« Maman, pourquoi papa ne m’aime pas ?
— Tu penses qu’il ne t’aime pas ?
— Il dit que je me suis trompé de famille.
Ma mère prend mes mains dans ses mains. On est en sécurité entre ses mains. On n’a plus besoin d’être aimé par son père. On s’endormirait profondément pour un peu. Et le temps durerait ce qu’il durerait.
— Il est sévère avec ses fils, mais il vous aime.
Maman... Tu conservais la chevelure de ton premier fils dans une boîte de calissons. Où est-elle passée ? Où est passé ton nom, le plus précieux qui ait échauffé mes lèvres d’enfant ? Tu es partie si furtivement que je me demande encore aujourd’hui quand tu vas rentrer : quand la vie reprendra son cours interrompu. Avec ce livre, je vais à ta rencontre, je te rejoins... » Y. Q.
C’est pour impressionner sa mère que Yann Queffélec commence à écrire à sept ans, art dont il apprend les secrets en lisant les manuscrits d’Henri Queffélec, son père. En 1985, il reçoit le prix Goncourt pour Les Noces barbares, suivi de nombreux romans, dont Prends garde au loup, Ma première femme, L’amour est fou ou encore Le Plus Heureux des hommes, ainsi que d’une évocation de Tabarly (L’Archipel/Fayard, 2008). Le Piano de ma mère est le premier volet d’une trilogie autobiographique.
LE PIANO DE MA MÈRE, Yann Queffélec, l'Archipel, 18,50 €
EN LIBRAIRIE LE 5 MAI 2010