Paris, 7 juillet 1944. Georges Mandel est extrait de la prison de la Santé. Deux tractions filent sud-est. En forêt de Fontainebleau, une panne est simulée. Invité à sortir, l'ex-ministre de l'Intérieur est fauché d'une rafale de pistolet-mitrailleur, puis achevé de deux balles dans la tête.
Exécuté par un milicien, Mandel n’eut-il vraiment qu’un assassin ? À qui profitait donc ce crime, que nul ne revendiqua ? Et pourquoi tuer si tard ce symbole de la République ?
Aussi sûrement qu'il prévoyait l'issue de la guerre, Mandel se savait condamné. Honni par Hitler, il s'était levé dès 1933 pour désigner le péril nazi. Incarnation du « bellicisme juif », haï par l’Action française comme par tous les champions de l'appeasement, Mandel attirait trop de haines pour ne pas être un objet de chantage. Son exécution, un mois après le Débarquement, a valeur d'avertissement pour Pétain, que ce crime éclabousse.
Au-delà de Mandel, dont de nouveaux documents viennent préciser le sang-froid et la lucidité, ce livre éclaire le sort des Reynaud, Blum et Daladier, ministres captifs dont la vie, au gré des promesses et des menaces, aura servi de monnaie d’échange entre Vichy et Berlin. Bras de fer trop inégal : à des degrés divers, juge François Delpla, tant les geôliers que leurs prisonniers furent des instruments d'Hitler. Son ombre s'étend d'un bout à l'autre de ce livre, qui s'appuie notamment sur les dossiers inédits de Charles Courrier, commissaire de police affecté à la garde de Mandel en 1940 et 1941.
François Delpla, normalien, professeur agrégé, docteur en histoire, est l'auteur de l'unique biographie française de Hitler (Grasset, 1999), d'une étude sur sa vie privée (Les Tentatrices du diable, l’Archipel, 2005) ainsi que de nombreux ouvrages sur le nazisme et la Seconde Guerre mondiale, au nombre desquels Churchill et les Français (Plon, 1993), Montoire (Albin Michel, 1996) et Nuremberg face à l'Histoire (l’Archipel, 2006).
L'Archipel, 300 pages, 22 €
EN LIBRAIRIE LE 3 SEPTEMBRE 2008
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