Comment est née l’histoire de La nuit n’oubliera pas ?
Je suis fascinée par les connexions entre le passé et le présent, par la façon dont le passé nous paraît à la fois étranger et familier. J’ai beaucoup étudié York à l’époque élisabéthaine lorsque je faisais des recherches pour ma thèse sur la gestion de la salubrité publique de la fin du Moyen Âge au début de l’Époque Moderne. J’ai passé tellement de temps à éplucher les archives locales sur cette période que toutes les personnes mentionnées me sont devenues familières. Tandis que je marche en centre ville, je pense à ceux qui vivaient et travaillaient dans ces rues il y a plus de 400 ans. Je m’imagine ce que devait être leur vie au-delà des rapports sur l’état des voies, comment ils jetaient leurs déchets, se plaignaient de leurs voisins… Un incident en particulier a retenu mon attention lors de mes recherches : un chien a mordu Nicholas Ellis à la jambe. J’ai toujours été fascinée par les effets que peuvent avoir sur nos vies les petites décisions d’apparence anodines. Si on pouvait revenir en arrière, saurait-on identifier le moment qui a tout changé ? J’ai alors pensé à ceux qui avait vu le chien mordre Nicholas Ellis, et à la manière dont cela avait pu influer sur leur vie... L’histoire de Hawise est née de là.
Comment trouve-t-on son identité d’auteur quand on est à la fois auteur de romances et docteur en études médiévales ?
J’ai commencé à écrire avant tout pour financer mes études, j’ai donc toujours jonglé entre ces deux identités. Certaines personnes pensent que c’est une étrange combinaison, mais j’aime justement ce contraste entre les recherches académiques et les romans sentimentaux légers. Le défi dans l’écriture de « La nuit n’oubliera pas » fut de réussir à combiner ce que je savais sur le York des Tudors avec ce que j’avais appris sur la manière d’écrire des histoires. Le plus difficile est de s’y retrouver dans les réseaux sociaux lorsqu’on a deux identités. Parfois j’oublie qui je suis censée être, c’est très perturbant.
Avez-vous rencontré le personnage de Hawise au cours de vos recherches universitaires ?
J’ai trouvé le nom de Hawise Aske dans un testament du XVe siècle, mais la Hawise de « La nuit n’oubliera pas » existe uniquement dans le livre. Mes recherches portaient sur des personnes ordinaires dans le York des Tudors et sur ce qu’elles pensaient de leur quartier. Mais celles qui apparaissaient dans les registres étaient fatalement des propriétaires et des hommes. J’ai nommé la plupart des personnages secondaires d’après des personnes qui ont réellement vécu à York à la fin du XVIe siècle. Cependant, les personnages principaux, y compris Hawise, sont tous inventés.
Le monde des esprits joue un rôle important dans votre histoire, vous-même y croyez-vous ?
Je suis comme Grace dans « La nuit n’oubliera pas ». Je ne me considère pas comme une personne spirituelle, je suis plus à l’aise avec les choses que je peux voir et toucher. Mais, même si je n’ai personnellement jamais vu de fantôme, je connais des gens à qui c’est arrivé, et leurs histoires sont difficiles à réfuter. Je suis également convaincue du pouvoir du passé, et dans une ville comme York, il semble parfois très proche.
De quoi êtes-vous la plus fière dans cette aventure ?
J’ai adoré relever le moindre détail des documents d’archives et reconstituer la ville élisabéthaine. En tant qu’historienne, je suis consciente qu’on ne peut jamais vraiment savoir « comment c’était », mais en tant que romancière, je voulais créer un monde vivant et authentique.
York va-t-elle continuer à vous inspirer pour de futurs ouvrages ?
Oui, l’histoire de « The Memory or Midnight », sorti il y a quelques mois au Royaume-Uni, se passe à York. Pour mon troisième roman, l’intrigue se déroulera à York mais également à Londres. York est le cadre idéal pour ce genre de récit, car il y a ici une grande proximité avec le passé.